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Un jeune con qui passait par là
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Un jeune con qui passait par là
  • Jeune ex-étudiant en mal d'être, ouvrier agricole à ses heures perdues, victime des médias et conspirateur maçonnique, amateur de mauvais goût, laissez-moi vous souhaitez la bienvenue en cette humble demeure en ligne. Sur Twitter : @TrezMoriz
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10 novembre 2014

[Délires prosaïques] Le Con

Le Con 

 

Le con boit du café. Mais il ne l'aime pas. Il a une Nespresso qu'il n'utilise point. Tous les cafés se valent, il ne faut point choisir. Il préfère du lyophilisé, et Maxwell House s'il vous plaît. Oui, amateur de mauvais goût, le con en gastronomie aime ce qui n'en a pas. C'est pourquoi aussi le con ne cuisine pas, car le con aurait trop peur d'empoisonner ses hôtes. Mais le con, de fait, ne force pas les abus. Alcool et cigarette sont bannis de chez lui. Il a suffisament connu l'alcool d'ailleurs pour voir tout ce l'alcool ne lui apporterait jamais. Quant à la désinhibition, le con tout con qu'il est ne saura rien en faire. Et c'est tant mieux pour les autres. 


Le con s'habille comme un pied. Et ce jusqu'à la tête. Il vous dira que le gris est au bleu ce que le jaune est au vert. Ne soyez pas surpris de le voir porter un polo sous un pull, ou un t-shirt sous un polo. Style et mode sont des mots qu'il ignore. Il aime mettre des jeans passe-partout avec des hauts passe-partout. Il peut porter des citadines à la campagne et des godillots à la ville. Il met parfois des manches longues en été seulement pour "donner chaud" à ceux qui le remarquent. Et des gilets d'un autre temps que l'on ne saurait plus mettre. Il eut même un chapeau, mais même le chapeau ne supportât plus son chef.


Le con ne connait rien à l'art. Comme il aime les facilités d'esprits, il considère le contemporain comme une arnaque mercantile généralisée. Mais n'allez pas croire qu'un Picasso suscite chez lui moins d'indifférence qu'un Rembrandt. Il ne va jamais dans aucun musée, pas même d'histoire, si ce n'est pour dire simplement qu'il y est allé, et faire comme tout le monde. A quoi bon, il oubliera bien vite ce qu'il y a vu. C'est aussi pourquoi le con ne lit pas. Quand les yeux du cons lisent une page, la tête du con efface la précédente. Le con dans son ignorance avait tenté Dotoskievsky. Et bien Con Conovich en revint bien bredouille.


Le con est laid. Bien que la nature lui ait donné de quoi ne pas totalement sombrer dans l'horreur physique, il prend suffisamment peu soin de lui pour que les ravages du temps le touchent au plus vite. Le con se dit qu'une vieillesse forcée lui lèvera enfin cette figure de gamin. Le con est imberbe, mais il paraît qu'il ne doit pas s'en plaindre. Ah, et le con est petit, bien sûr. Juste assez pour avoir été averti pendant vingt ans à prendre gare à ne pas se noyer dans une flaque. Il est pourtant trop grand pour que cela lui permette de connaître le succès de Mimie Mathy, ce dont il s'est aisément consolé.


Le con est trilingue. Il parle français, français, et français. S'il a appris l'anglais, l'espagnol et l'arabe, ce n'est finalement que pour mieux le rapprocher de sa langue maternelle. Il joue même à croire que c'est un savant de la langue de Molière. Heureusement, le con ne sera jamais académicien, à moins que Bernard Pivot ne crée un jour un prix Concourt. Pourquoi aller retenir d'autres langues quand on a suffisamment de mots pour s'exprimer avec le peu de gens que l'on cotoie encore ? Ce serait superflu, et le con n'aime pas le superflu. Pourtant le con qui dit nier les langues l'a un peu mauvaise. Car il écrit parfois encore, et pas trop mal dit-on, celle de Shakespeare. Avec un unique interlocuteur.

Le con est au courant. Mais plus au réseau EDF 220V/50Hz qu'aux nouvelles du monde. On ne peut dire qu'il suit l'actualité, plutôt qu'il la regarde passer devant lui, souvent sans en retenir un traître mot. Il va de soi qu'il n'animera pas une conversation à propos de la dernière sortie cinéma ou de la série TV du moment. Bien qu'il aime les séries, encore faut il que l'on puisse y comprendre un épisode sans besoin du précédent, qu'il aura pris soin d'oublier. Eh oui, pour cela comme pour le reste, le con vit dans l'instant. No future ! Mais pas de passé non plus, sa connerie est déjà lourde à traîner...

Le con a de l'humour. Mais de l'humour de con. Le con peut rire ce qui ne fait pas rire tout le monde, mais ne rit jamais de ce dont tout le monde s'esclaffe. Le con ne connait pas de blague, il ne saurait pas les raconter. Le con préfère donc écouter les professionnels du rire. Plus ils sont cons, plus il en rit. Oh pour ça le con est ouvert : rire des noirs, des juifs, du Coran, des belges, des blancs, des français, des blondes, des blonds, tout lui va. Surtout les clichés. Le con aime bien les clichés. Les clichés sont commodes : qu'on dise qu'ils sont vrais ou qu'ils sont faux, ils tranquillisent l'esprit. L'esprit du con peut ainsi durer.

Le con l'est tellement qu'il se demande parfois si on peut vivre ainsi. Le con croit que la vie est pesante avec tant de connerie. Que la connerie supprime la méfiance et amène le danger. Qu'elle rend naïf, crédule et bien trop vulnérable. Qu'elle isole aussi. Car le con conscient de sa condition veille à éviter de l'infliger aux autres, pour préserver la profilération du con. Bien qu'il ait une certaine sécurité matérielle, empêchant d'ailleurs le con de se plaindre en société, sa situation est loin d'être enviable. C'est pourquoi le con eut bien songé à en finir,  et plus d'une fois d'ailleurs. Mais le con l'est trop pour savoir comment s'y prendre. Le con par sa faiblesse n'a point d'échappatoire. 


Il vivra donc avec, jusqu'à ce qu'il en meure.

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