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Un jeune con qui passait par là
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Un jeune con qui passait par là
  • Jeune ex-étudiant en mal d'être, ouvrier agricole à ses heures perdues, victime des médias et conspirateur maçonnique, amateur de mauvais goût, laissez-moi vous souhaitez la bienvenue en cette humble demeure en ligne. Sur Twitter : @TrezMoriz
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12 novembre 2014

S'il Faut En Finir - Chapitre 1

 

SFEF

S'il faut en finir

 

Synopsys

Un pauvre type suicidaire a trouvé le moyen d'en finir : une arme au marché noire fera l'affaire. Mais cet achat qu'il n'aurait jamais du faire va le propulser au milieu d'une cauchemardesque tourmente. Honneur et dignité sont en jeu. Celui qui voulait en finir va devoir de se battre...pour sauver sa tête.

 

Chapitre 1 

Tout doit disparaître

 

Il m’aura fallu traîner des semaines dans ces « quartiers » faits de misère, d’HLM, de stéréotypes, et d’une triste notoriété alimentée par des grandes chaînes privées en mal de sensations fortes et les fanatiques d'Eric Zemmour. Mais, non seulement j’en étais sorti – malheureusement ? – vivant, mais qui plus est, j’avais trouvé ce que j’étais venu chercher. 

J’étais donc ce matin en face de la porte d’un grand immeuble miteux, coincé entre deux plus petits immeubles tout aussi miteux, dans une impasse au nom pas vraiment éponyme : «Allée des églantines ». Les mairies préfèrent souvent les appellations fleuries, admettant que "cul de sac de zones laissées pour compte» risquerait de rebuter le passant. A ceci près qu'il n’y avait jamais de passant ici. D’ailleurs, j’étais seul dans cette impasse. Seul, toujours devant cette foutue porte. Muet dans l’expectative. Et à mesure que les minutes passaient je me demandais de plus en plus ce que je fabriquais encore devant cette porte, qui demeurait une foutue porte.

Un frisson me saisit. Pourtant il devait faire vingt cinq degrés et je n’étais pas sur le point d’attraper un rhume. Mais un je-ne-sais-quoi me soufflait « il vaudrait mieux que tu aies peur, ça serait de circonstances». J’hésitai à sonner à l’interphone. Avec perspicacité je fini par réaliser premièrement qu’il n’y avait pas d’interphone, et deuxièmement, que les traces de semelles imprimées en bas-relief sur l’énorme couche de poussière à mi-hauteur de l’entrée indiquaient comment d'ordinaire, on ouvrait les portes ici.

Un grand coup de savate et un grincement de gonds plus tard, j'étais dans le hall d'entrée. Hall d'entrée, à en croire les boîtes aux lettres éventrées sur les murs. Papier-peint en lambeaux, morceaux de verre jonchant le sol, tuyauteries apparentes au plafond et morceaux de celles-ci tombées au plancher, bicyclettes rouillées, douilles de balles. Douilles de balles ? Pas de doute, c’est bien l’endroit que je cherchais. Je ne pus contenir un petit ricanement à la vue d'un autocollant STOP PUB sur une des boîtes. Sérieusement, qui viendrait jusqu'ici mettre des prospectus pour le nouveau pizzaiolo du coin ?

Il y avait un ascenseur, hors-service, et le contraire m'aurait inquiété. Au huitième donc, mais par l’escalier. Et quel escalier, mesdames et messieurs. Modèle « à quelle marche ma jambe va-t-elle y rester ? ». Et ceci, jusqu’au neuvième palier, dont l’architecte d’intérieur avait évidemment été le même que celui du hall d’entrée. J’entendais de la musique, provenant d’une chaîne stéréo sur laquelle les basses étaient poussées à fond. La mélodie provenait de la porte à droite de l’escalier. Celle-ci était entrouverte. Fait arrangeant, car il n’y avait pas non plus de sonnette, Je ne comptais de toute façon pas la défoncer avec mes voûtes plantaires. Je me pliais donc aux règles de courtoisies et toquai. Trois fois. Pas de réponse. Pas étonnant vu le volume sonore .
« M. le Baron ? »

Pour que les choses soient claires, il n’y avait pas de baron ici, « le Baron » n’est que le surnom de mon hôte. Ce type, encore inconnu pour moi, était surement adepte du cinéma des frères Cohen et avait trop vu The Big Lebowski...à moins qu'il ne fut juste mégalo. Si la première hypothèse était correcte, on saluera l'honnêteté du mec qui a choisi "Baron" plutôt que "Duc", afin d'éviter d'éventuelles complications avec la Propriété Intellectuelle (défendus par des magistrats qui font du peer-to-peer, mais ce n'est pas le pire paradoxe dont souffre notre Etat)...

L’appartement était sombre, toutes fenêtres fermées. J’entrais dans ce que j'osais croire être séjour, et la seule lueur venait du même endroit que la musique, dans une pièce à côté. Le Bureau de M.le Baron sans doute. Je m’avançai, et, contrairement à ce que mon ton pourrait vous laisser supposer, non, je ne faisais pas le fier. Je n'y voyais rien mis à part la dite-lueur mais je faisais de mon mieux pour faire attention à où je mettais les pieds. Il semblait en effet que les lieux n'étaient pas un modèle de rangement - mais moi-même j'étais loin d'être maniaque. Je me glissai dans l'entrebaillement de la porte de ce bureau et osai un timide

:
« M. Le Baron ? »
La musique s’arrêta. La lampe de bureau n’éclairait pas le visage de mon interlocuteur, je devinais à peine sa silouhette. J’entendis un cliquetis, pas très rassurant, avant de voir apparaître un reflet métallique à la lumière de la lampe. Encore moins rassurant.


« T’es qui ? On se connait ?


- On n’a pas encore eu l’honneur, je crois. Je m'appelle...je m'interromps. Je pense qu’il n’avait rien à foutre de comment diable je pouvais m’appeler.- T’es venu pour la came ?

- Si ça désigne ce qui se vend ici, oui, dis-je avec un soupçon de désinvolture, et un soupçon de « pourquoi je suis désinvolte bordel de merde ? »

- Qui t’a donné l’adresse ?
J’en avais tellement chié pour avoir cette foutue adresse que j’en avais tiré une certaine fierté et que j’aurais aimé en faire part. Mais décidemment, je crois qu’il valait mieux faire court. Comme il est de coutume dans le coin, on évite de dire les noms des intermédiaires à haute voix. Security first.
- L'agneau blanc de la bergerie des Landes.
Ce n'était évidemment pas son nom. Mais une sorte de code, que seul son supérieur pouvait identifier.
- C’est pourquoi ?
Dans un tel contexte, la question avait quelque chose de surprenant.
- Usage privé.
- Ben voyons.
Pourtant, à ce moment c'était encore bien mon intention, mais c'était pas le moment d'épiloguer sur le pourquoi du comment. La silhouette de mon hôte s’anima.
- OK. Tu recherches quoi ?
Je n'y connaissais absolument rien, alors j'ai tâché d'être le plus clair possible, tout en évitant la mine du con de la dernière averse qui se pointe dans un salon de coiffure et qui réclame "c'est pour une coupe de cheveux". Je suis sûr que là, vous vous dites que vous en connaissez pas mal, des cons de la dernière averse.
- De poing. Gros calibre. Du genre à disloquer la boîte crânienne avant qu’on ait le temps de sentir quoi que ce soit, y’a ?
J'étais surpris par l'assurance de mes propos. Et j'ignorais si c'était bien venu.
- Ok, pigé, répondit le mystérieux interlocuteur, me faisant comprendre que j'avais été suffisament clair et direct. Au passage, je constatais avec soulagement que le reflet métallique pas rassurant du tout n'était plus dans mon champ de vision.
Enfin la lumière se fit dans la pièce. J’étais curieux à l’idée de pouvoir voir à qui j’avais à faire. Mais ce n’est pas tant Le Baron qui saisit mon attention tout d’abord. Tout ce qui l'entourait dans cette pièce lui volait la vedette.


Des armes à feu. Partout. Mais vraiment partout. Les murs portaient des dizaines d’étagères pliant sous le poids de leur contenu : ribambelle de revolvers, mitraillettes, fusils à pompe, AK-47 ou ersatz, grenades, munitions de tous les calibres existants – je n’y connaissais rien, mais façon de parler. Sur des établis, certains de ces démons de métal était démontés en centaines de petites pièces, autour deslequelles traînaient ça et là des outils d'une étonnante précision, rivalisant avec l'attirail des chirurgiens cardiaques. Moi qui n’avait jamais vu en vrai que des fusils de chasse - chez les amis chasseurs de mon père, j’étais servi. Pas sûr que je souhaitais voir cette machinerie infernale en marche. Il y a avait aussi des posters géants, portraits de certains "grands" de ce monde : Alexander Kalachnikov, Vladimir Poutine, un certain James W. Porter - le président de la National Rifle Association, évidemment... Je constatais enfin la présence d'une caméra de surveillance...dissimulée dans un livre, l'objectif brillait légèrement à la lumière de la lampe. 

 

 

A suivre...

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