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Un jeune con qui passait par là

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Un jeune con qui passait par là
  • Jeune ex-étudiant en mal d'être, ouvrier agricole à ses heures perdues, victime des médias et conspirateur maçonnique, amateur de mauvais goût, laissez-moi vous souhaitez la bienvenue en cette humble demeure en ligne. Sur Twitter : @TrezMoriz
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12 novembre 2014

S'il Faut En Finir - Chapitre 2

Chapitre 2

Premières loges

 

On avait convenu tacitement qu'il était superflu de raconter nos vies autour d'un thé et de biscuits secs. Sitôt la transaction effectuée, le cash dans son coffre et la came sous ma veste, je quittai l'immeuble, non sans une certaine hâte. Peut-être bien que j'avais peur, tiens ? Je m'engagai dans l'impasse, en sens contraire, et sans me retourner, je rejoins rapidement l'avenue. Foulées longue, sans hésitation. Je tournai à droite, en direction de mon vélo, que j'avais caché dans un fourré. Non...je n'avais pas le permis. En comparaison, je trouvais le vélo plus silencieux, plus discret, surtout de nuit et sans phare. Et le silence et la discrétion sont parfois des vertus salutaires.


Fidèle à ces principes, je longeai le trottoir et rasai les murs. N'allez pas croire que ceci était motivé par l'ambiance du quartier. J'aurais été au coeur du centre ville historique de la capitale de la chaussure que j'aurais agi pareil...D'ailleurs, je suis plus mal à l'aise avec les riches qu'avec les pauvres. Les premiers vous nuieront d'une manière ou d'une autre, sans besoin de motivation. Les seconds au moins, ont toujours une bonne raison de vous faire du mal. A défaut de diminuer les dégâts, ça les justifie un tant soit peu.


Encore deux pâtés de maisons, et normalement, mon véhicule personnel m'attendait là, dans le fourré, de l'autre côté de la grille de fer forgé qui séparait la rue d'un petit carré de jardin. Car certains osait ici avoir des petits carrés de jardin, et même que les plus téméraires avaient des carrés un peu plus grands. Plus que quelques mètres. Plus je me rapprochais, plus j'accélèrais. Je ne souhaitais vraiment pas me faire de vieux os par ici. Mais quelque chose, ou quelqu'un, allaient en décider autrement. Car...


"Aaaaaargh !!!!"
Un cri. Effroyable. Puis un bruits d'oiseaux décollant en nombre et fuyant à travers les arbres.
"BANG !"
Un coup de feu.
"..."
Plus rien.
"..."
Je voulais partir. Faire comme si je n'avais rien entendu, mais impossible. Impossible. La conscience. Cette putain de conscience, je croyais m'en être débarassé. "Il faut que je me casse, bordel !"
"..."
Je restais immobile. J'avais donc encore un brin de conscience. Et il fallait que je fasse avec. Toujours aucun bruit. Mais toujours dans ma tête le cri qui résonnait. Je voyais à peu près de quelle direction il provenait. La prudence m'indiquait la direction exactement opposée. Ma connerie me dictait l'autre. Devinez qui ai-je écouté ?


Guidé toujours par le souvenir du bruit, je traversais la rue, et atteignait, de l'autre côté une autre impasse. Encore un passage sombre, tout aussi lugubre que l'autre. Foutue ville. De chaque côté des containers renversés laissaient s'émaner de doux effluves de déchets. Oh, un rat ! Salut, toi...Mais au fond...sur le mur, un halo de lumière...Il semblait qu'il y avait en réalité une issue, sans doute un étroit passage qui contournait le dos du bâtiment à ma gauche. Il eut été de bon sens de ne pas aller voir soi-même. Mais vous savez, le bon sens...


Je m'approchai, doucement quand même. Quand je ne fus plus qu'à deux mètres de l'angle du mur, enfin j'entendis des voix. Tout à coup, je me sentis comme un espion au coeur d'une mission, comme un James Bond sur le point d'éliminer les sbires de Dr.No, ou encore comme un OSS 117 sur le point de...Dans les films, quand le héros est à deux mètres de l'angle du mur, il entend toujours toutes la conversation, et plus fort, il lui suffit du son des voix pour connaître exactement la position de ses ennemis, de manière à doubler son avantage de surprise lors de l'attaque. J'aurais été prêt à bondir sur celui qui était de dos, à l'étreindre au niveau du cou et en collant son poignet au milieu de son dos, à saisir le pistolet dans sa poche droite pour menacer son compère en me servant de lui comme bouclier humain. Puis après avoir ajusté, un coup de feu dans la jambe du premier, un autre dans la gibole du second, juste au niveau du tibia, pour blesser sans toucher l'artère, et les deux types hors d'état de nuire était fin prêts à répondre à mes questions.
Revenu à la réalité, évidemment, je n'entendais absolument rien de distinct. Mais suffisamment de tonalités différentes pour conclure qu'ils étaient non pas deux, mais trois. Et convenir que je n'avais plus tellement envie de me la jouer Daniel Craig. Le niveau sonore augmenta tout à coup, et s'agrémenta de bruits de pas. De pas de courses. Plus proches. Plus proches. Dans ma direction. Ma direction. Merde ! Merde ! Merde !


Je partis à toutes jambes, le bout de la rue en ligne de mire. Quel con, mais quel con ! J'entendis un éclat de voix. Les types m'avaient vus, ils étaient à mes trousses. Je parvins à rejoindre l'avenue. Je pris l'arme sous ma veste. Je ne savais pas où aller. Rejoindre mon vélo ? Le temps que je le prenne, ils m'auraient rattrapé. Où aller ? Au hasard, je tournai à gauche. Je passai devant une épicerie fermée, donc les étals vides étaient encore devant. Avec un bras, je les poussai pour les faire tomber dérrière moi. Obstacles de fortune qui ne me sauveraient pas. Le pistolet dans la main, je tentai de tirer à l'aveugle derrière moi. J'ignorais combien il y avait de balles dans le chargeur, je ne l'avais pas rempli moi-même. 


"BANG !"
Ils ripostèrent. La balle siffla juste au dessus de ma tête. Je me voyais recevoir celle que j'étais allé chercher. Sauf que dans mon scénario, c'était moi qui la tirait. On appelle ça un "imprévu". Putain ! Comme si je croyais que ça allait changer quelque chose au train de ma vie qui s'accélérait subitement, je me mis à hurler à pleins poumons.


"Qu'est ce que vous me voulez ??? J'ai rien vu !! Je dirais rien !!!"

Il ne manquait plus que je les supplie...Je continuais à courir, mais le souffle allait rapidement me manquer...Je n'arriverais pas à semer mes trois poursuivants armés. Je regrettais déjà ce que j'allais faire mais tant pis.


A la prochaine ruelle, je pris brusquement à droite. Un container était juste dérrière l'angle, je me jetai dérrière; je me redressai en hâte, la tête juste à niveau du couvercle. Quand le premier de mes agresseurs passa devant la ruelle, de toutes mes forces je poussai le container. Je sentis un choc. J'avais fait tomber l'un d'eux. Je n'avais plus qu'à me relever et à faire feu, je pouvais les cuire. Mais...mon arme m'avait échappé et avait glissé sous le container avec le choc.  Je m'élançai à nouveau dans la ruelle, croyant qu'avec ce coup de baroud j'avais gagné du temps. Je courrai. J'haletai. Mes poumons brûlaient, ma trachée crachait l'air. Tout d'un coup, un objet lourd heurta la pointe de mon pied. Je n'eus pas le temps de pousser un cri de douleur que je me retrouvai propulsé face contre terre. Une poignée de secondes plus tard, mes assaillants étaient là. Je tournai légèrement le cou en relevant la tête, en priant je ne sais qui que ce ne soit pas ce que j'imaginais. Mais c'était bien ce que j'imaginais. Le canon était là, et pointait sur ma tête.


"On l'a eu comme un rat, ria l'un de ces trois connards cagoulés.

La peur me paralysait. Mais j'eus tout de même un éclair de courage, ou plutôt de témérité. Les regardant tout trois, je leur hurlai :"Ayez le culot de montrer vos têtes, sales putes !" 

Ils riairent. Le chien du pistolet qui me pointait résonna. C'est fini pour toi. Allez, écrase, attend. Et crève.
"Tululululululut"
Ce n'était pas le bruit que j'attendais. Ce n'était pas le bruit de la mort. C'était le téléphone du bourreau. Il tirerait, puis il décrocherait. A ma surprise, il avait visiblement choisit d'agir dans un autre ordre.
"Oui ?"
Il tenait toujours le pistolet braqué sur moi. Le téléphone collé à son oreille à travers la cagoule. Ses deux sbires en arrière-plan, au garde-à-vous.
"OK".
Il raccrocha. Il se tourna vers les deux autres. Il chuchota un truc inaudible. Peut-être avaient ils choisi un nouveau mode opératoire. La balle dans le crâne n'est plus trop tendance cet hiver. Enfin, ils me regardèrent.
"Au revoir, mon petit loup. Va donc saluer le mort."
C'était une dernière remarque, tous les méchants dans les films ont une dernière remarque. Un truc qui sonne bien, pseudo-ésotérique, un brin énigmatique. Et après bam, vous êtes refroidis. Sauf que là...non. Le canon s'abaissa. Et...ils partirent. Ils partirent ! Je les vis courir vers la sortie de la ruelle, et disparaître à l'angle droit.


Moi, j'étais toujours là. Par terre, ventre au sol. La tête à moitié tournait vers l'arrière. Haletant toujours, la sueur perlant au front. Je ne parvins pas à bouger tout de suite. Je posai mon front contre le sol, en tentant de retrouver ma respiration et le peu d'esprit qui me restait encore. Enfin, je me relevai.
Je constatai que la responsable de ma chute était une rampe d'escalier extérieur, qui s'est fracassée au sol en se décrochant du deuxième étage d'à côté. "Dernières marches vers la mort". Je fis quelque pas vers le container. Je le poussai. Mon pistolet était là, bien sage. Je le ramassai. J'avais un horrible mal de crâne. Je me dis que ça valait bien la douille dans le cortex que je n'avais pas eu. Je me remis à penser à leur dernière phrase. "Va donc saluer le mort". Je croyais qu'ils étaient sur le point de me tuer, et que j'allais rejoindre "le mort" de cette manière. Mais ce n'était pas le cas, j'étais toujours là. Quant au mort, là dessus aucun doute, ils parlaient de leur victime. Saluer le mort...Merde ! Evidemment !

Un crime se commet devant mes yeux, et je ne ferais rien ? Ben voyons ! Une fois cette fausse énigme déchiffrée je me remis à courir, cette fois nettement moins vite, vers la scène où j'avais rencontré mes trois nouveaux amis. Je craignais ce que j'allais y découvrir mais je n'avais pas vraiment le choix. J'étais témoin, que je veuille ou non.
Je repris la même rue et me dirigea vers le même angle. Cette fois il n'y avait aucun éclat de voix, aucune conversation. Rien qu'un silence. Un silence de mort. C'était le cas de le dire. Je n'étais pas particulièrement rassuré. Allez savoir s'il n'y avait pas une nouvelle équipe prête à se lancer à mes trousses ?


Non. Personne. A part lui. Lui, il avait eu moins de chance que moi, si j'ose dire. Putain, ils ne l'avaient pas raté. Sa chemise blanche était rouge. Il avait trois trous sur la poitrine. Sa tête était tournée vers l'autre côté. Je fis le tour du coeur en m'octroyant un périmètre de cinquante centimètres de sécurité, sait-on jamais si le machabée est un zombie qui va me bondir dessus. Et là l'horreur. La moitié de sa tête que je ne voyais été...consumée. Tellement brûlée que la joue n'existait plus. Il n'y avait qu'un trou béant entre sa machoîre et l'extérieur. Je me sentis sur le point de tomber dans les vappes. Puis un haut-le-coeur me traversa. Un spasme violent. Je ne pus m'empêcher de vomir.


Je pris mon téléphone, et composai le numéro de la police.

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12 novembre 2014

[Bonjour Musique] #4 Cats On Trees - Sirens Call

Bonjour Musique

Bonjour Musique #4 du 12/11/2014

 

Cats On Trees - Sirens Call

12 novembre 2014

S'il Faut En Finir - Chapitre 1

 

SFEF

S'il faut en finir

 

Synopsys

Un pauvre type suicidaire a trouvé le moyen d'en finir : une arme au marché noire fera l'affaire. Mais cet achat qu'il n'aurait jamais du faire va le propulser au milieu d'une cauchemardesque tourmente. Honneur et dignité sont en jeu. Celui qui voulait en finir va devoir de se battre...pour sauver sa tête.

 

Chapitre 1 

Tout doit disparaître

 

Il m’aura fallu traîner des semaines dans ces « quartiers » faits de misère, d’HLM, de stéréotypes, et d’une triste notoriété alimentée par des grandes chaînes privées en mal de sensations fortes et les fanatiques d'Eric Zemmour. Mais, non seulement j’en étais sorti – malheureusement ? – vivant, mais qui plus est, j’avais trouvé ce que j’étais venu chercher. 

J’étais donc ce matin en face de la porte d’un grand immeuble miteux, coincé entre deux plus petits immeubles tout aussi miteux, dans une impasse au nom pas vraiment éponyme : «Allée des églantines ». Les mairies préfèrent souvent les appellations fleuries, admettant que "cul de sac de zones laissées pour compte» risquerait de rebuter le passant. A ceci près qu'il n’y avait jamais de passant ici. D’ailleurs, j’étais seul dans cette impasse. Seul, toujours devant cette foutue porte. Muet dans l’expectative. Et à mesure que les minutes passaient je me demandais de plus en plus ce que je fabriquais encore devant cette porte, qui demeurait une foutue porte.

Un frisson me saisit. Pourtant il devait faire vingt cinq degrés et je n’étais pas sur le point d’attraper un rhume. Mais un je-ne-sais-quoi me soufflait « il vaudrait mieux que tu aies peur, ça serait de circonstances». J’hésitai à sonner à l’interphone. Avec perspicacité je fini par réaliser premièrement qu’il n’y avait pas d’interphone, et deuxièmement, que les traces de semelles imprimées en bas-relief sur l’énorme couche de poussière à mi-hauteur de l’entrée indiquaient comment d'ordinaire, on ouvrait les portes ici.

Un grand coup de savate et un grincement de gonds plus tard, j'étais dans le hall d'entrée. Hall d'entrée, à en croire les boîtes aux lettres éventrées sur les murs. Papier-peint en lambeaux, morceaux de verre jonchant le sol, tuyauteries apparentes au plafond et morceaux de celles-ci tombées au plancher, bicyclettes rouillées, douilles de balles. Douilles de balles ? Pas de doute, c’est bien l’endroit que je cherchais. Je ne pus contenir un petit ricanement à la vue d'un autocollant STOP PUB sur une des boîtes. Sérieusement, qui viendrait jusqu'ici mettre des prospectus pour le nouveau pizzaiolo du coin ?

Il y avait un ascenseur, hors-service, et le contraire m'aurait inquiété. Au huitième donc, mais par l’escalier. Et quel escalier, mesdames et messieurs. Modèle « à quelle marche ma jambe va-t-elle y rester ? ». Et ceci, jusqu’au neuvième palier, dont l’architecte d’intérieur avait évidemment été le même que celui du hall d’entrée. J’entendais de la musique, provenant d’une chaîne stéréo sur laquelle les basses étaient poussées à fond. La mélodie provenait de la porte à droite de l’escalier. Celle-ci était entrouverte. Fait arrangeant, car il n’y avait pas non plus de sonnette, Je ne comptais de toute façon pas la défoncer avec mes voûtes plantaires. Je me pliais donc aux règles de courtoisies et toquai. Trois fois. Pas de réponse. Pas étonnant vu le volume sonore .
« M. le Baron ? »

Pour que les choses soient claires, il n’y avait pas de baron ici, « le Baron » n’est que le surnom de mon hôte. Ce type, encore inconnu pour moi, était surement adepte du cinéma des frères Cohen et avait trop vu The Big Lebowski...à moins qu'il ne fut juste mégalo. Si la première hypothèse était correcte, on saluera l'honnêteté du mec qui a choisi "Baron" plutôt que "Duc", afin d'éviter d'éventuelles complications avec la Propriété Intellectuelle (défendus par des magistrats qui font du peer-to-peer, mais ce n'est pas le pire paradoxe dont souffre notre Etat)...

L’appartement était sombre, toutes fenêtres fermées. J’entrais dans ce que j'osais croire être séjour, et la seule lueur venait du même endroit que la musique, dans une pièce à côté. Le Bureau de M.le Baron sans doute. Je m’avançai, et, contrairement à ce que mon ton pourrait vous laisser supposer, non, je ne faisais pas le fier. Je n'y voyais rien mis à part la dite-lueur mais je faisais de mon mieux pour faire attention à où je mettais les pieds. Il semblait en effet que les lieux n'étaient pas un modèle de rangement - mais moi-même j'étais loin d'être maniaque. Je me glissai dans l'entrebaillement de la porte de ce bureau et osai un timide

:
« M. Le Baron ? »
La musique s’arrêta. La lampe de bureau n’éclairait pas le visage de mon interlocuteur, je devinais à peine sa silouhette. J’entendis un cliquetis, pas très rassurant, avant de voir apparaître un reflet métallique à la lumière de la lampe. Encore moins rassurant.


« T’es qui ? On se connait ?


- On n’a pas encore eu l’honneur, je crois. Je m'appelle...je m'interromps. Je pense qu’il n’avait rien à foutre de comment diable je pouvais m’appeler.- T’es venu pour la came ?

- Si ça désigne ce qui se vend ici, oui, dis-je avec un soupçon de désinvolture, et un soupçon de « pourquoi je suis désinvolte bordel de merde ? »

- Qui t’a donné l’adresse ?
J’en avais tellement chié pour avoir cette foutue adresse que j’en avais tiré une certaine fierté et que j’aurais aimé en faire part. Mais décidemment, je crois qu’il valait mieux faire court. Comme il est de coutume dans le coin, on évite de dire les noms des intermédiaires à haute voix. Security first.
- L'agneau blanc de la bergerie des Landes.
Ce n'était évidemment pas son nom. Mais une sorte de code, que seul son supérieur pouvait identifier.
- C’est pourquoi ?
Dans un tel contexte, la question avait quelque chose de surprenant.
- Usage privé.
- Ben voyons.
Pourtant, à ce moment c'était encore bien mon intention, mais c'était pas le moment d'épiloguer sur le pourquoi du comment. La silhouette de mon hôte s’anima.
- OK. Tu recherches quoi ?
Je n'y connaissais absolument rien, alors j'ai tâché d'être le plus clair possible, tout en évitant la mine du con de la dernière averse qui se pointe dans un salon de coiffure et qui réclame "c'est pour une coupe de cheveux". Je suis sûr que là, vous vous dites que vous en connaissez pas mal, des cons de la dernière averse.
- De poing. Gros calibre. Du genre à disloquer la boîte crânienne avant qu’on ait le temps de sentir quoi que ce soit, y’a ?
J'étais surpris par l'assurance de mes propos. Et j'ignorais si c'était bien venu.
- Ok, pigé, répondit le mystérieux interlocuteur, me faisant comprendre que j'avais été suffisament clair et direct. Au passage, je constatais avec soulagement que le reflet métallique pas rassurant du tout n'était plus dans mon champ de vision.
Enfin la lumière se fit dans la pièce. J’étais curieux à l’idée de pouvoir voir à qui j’avais à faire. Mais ce n’est pas tant Le Baron qui saisit mon attention tout d’abord. Tout ce qui l'entourait dans cette pièce lui volait la vedette.


Des armes à feu. Partout. Mais vraiment partout. Les murs portaient des dizaines d’étagères pliant sous le poids de leur contenu : ribambelle de revolvers, mitraillettes, fusils à pompe, AK-47 ou ersatz, grenades, munitions de tous les calibres existants – je n’y connaissais rien, mais façon de parler. Sur des établis, certains de ces démons de métal était démontés en centaines de petites pièces, autour deslequelles traînaient ça et là des outils d'une étonnante précision, rivalisant avec l'attirail des chirurgiens cardiaques. Moi qui n’avait jamais vu en vrai que des fusils de chasse - chez les amis chasseurs de mon père, j’étais servi. Pas sûr que je souhaitais voir cette machinerie infernale en marche. Il y a avait aussi des posters géants, portraits de certains "grands" de ce monde : Alexander Kalachnikov, Vladimir Poutine, un certain James W. Porter - le président de la National Rifle Association, évidemment... Je constatais enfin la présence d'une caméra de surveillance...dissimulée dans un livre, l'objectif brillait légèrement à la lumière de la lampe. 

 

 

A suivre...

11 novembre 2014

Questionnaire de Proust - 7 ans après

 

Proust

 

 

C'était il y a sept ans. J'étais sur les bancs de l'école, durant ce passage bien ingrat, long d'une olympiade (pour les plus chanceux) que l'on appelle le collège. En dernière année, sans doute. Cette année-là, le cours de français proposait aux élèves de s'adonner à un "Projet autobiographique". Celui-ci se constituait d'une série d'exercices mélant introspection et restitution de souvenir. J'ignorais, et j'ignore encore, les tenants et les aboutissants d'une telle requête. Je ne comprenais comment on pouvait de manière sensée demander autobiographie à des gamis de quatorze ans. Je ne comprenais comment on pouvait décemment confier ses secrets à d'illustres inconnus...Si ceci est devenu monnaie courante, rappelons qu'à l'époque, Facebook était encore peu connu en France. Par ailleurs, cela n'enlevait au caractère contraint et obligatoire imposé par le cadre scolaire. Si vous en doutiez, le projet était en effet sanctionné par une note. Comble du vice... 

L'un des exercices proposés était le célèbre Questionnaire de Proust. Ce questionnaire n'a pas été inventé par le célèbre écrivain, mais ses réponses originales et pleines d'esprits ont rendu célèbre en France un jeu anglais des années 1860, nommé à l'origine Confessions (prononcez "Connes Fêcheuns"). Que voulez-vous, souvent lauriers ne viennent point au vainqueur. Je veux croire qu'à ce moment là, j'avais moi même tâché d'y répondre avec un certain esprit. Sans prétendre atteindre arriver à la cheville de Marcel, bien sûr. Seulement l'esprit seul pouvait me protéger d'un exercice qui tentait d'entrer, de lire en moi, alors que je n'en avais aucune envie. Si je ne pouvais y échapper, il fallait que j'en joue...

J'ai souhaité retranscrire ici le questionnaire tel que j'y avais répondu il y a sept ans...et les réponses que j'y donnerais aujourd'hui en 2014. Dans sa première version, imposée par l'exercice scolaire, des éléments du questionnaire original avaient été omis. 

 

Questionnaire de Proust (2007)

Ma vertu préférée : La modestie

Le principal trait de mon caractère : Mauvais caractère ! 

Mon principal défaut : Une timidité parfois discrète mais trop souvent excessive à mon goût

Ma principale qualité : Je ne suis pas le mieux placé pour répondre mais je dirais la modestie. 

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis : Leur franchise, leur discrétion, leur écoute, leur compréhension...mais il faut souvent plusieurs amis pour rassembler toutes ces qualités

Mon occupation préférée : Rendre service à ceux que j'apprécie 

Mon rêve de bonheur : Vivre ma vie comme je le veux

Quel serait mon plus grand malheur ? Perdre un proche

A par moi, qui voudrais-je être ? Même si je suis loin d'être parfait je ne désire être personne d'autre que moi, faut de ne pas connaître la vie d'un autre autant que je connais la mienne. 

Où aimerais-je vivre ? Là où l'on ne pourrait mourir que de vieillesse, où la paix aurait vaincu la guerre et arrêté le sang qu'elle verse, où tout le monde s'accepterait par delà les différences, en bref un endroit en opposition avec le monde d'aujourd'hui. 

La couleur que je préfère : Celle du soleil couchant 

La fleur que j'aime : Le tournesol

L'oiseau que je préfère : L'Aigle

Mes auteurs favoris : Guy de Maupassant, Molière

Mon héros favori dans la fiction : Pas de réponse. 

Mon héros favori dans la vie réelle : Mon père, car me supporter pendant tant d'années relève de l'héroïsme !

Ce que je déteste par-dessus tout : L'Hypocrisie, la prétention, ceux qui ne savent pas tenir parole...

Le don de la nature que je voudrais avoir : Pouvoir devenir invisible me serait parfois utile...

Comment-aimerais je mourir ? D e rire. 

L'état présent de mon esprit : Inquiet de ne savoir si j'ai répondu à ce questionnaire avec la plus profonde sincérité

Ma devise : La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie. 

Réponses insouciantes, mielleuses, bien pensantes. A croire que je voulais devenir Miss France ! Sans doute, une plume qui sait se défendre pour un gamin de cet âge-là. Mais ni la jeunesse ni le style n'excusent de pareilles inepties. Je cachais déjà la vérité derrière le voile des apparences. Je me racontais des histoires, en tâchant de les faire accroire. Stupide. Ridule. Infame. 

 

Questionnaire de Proust (2014)

 

Ma vertu préférée : Le courage que je n'ai pas.

Le principal trait de mon caractère : Cynique. 

Mon principal défaut : Celui d'en avoir trop. 

Ma principale qualité : L'économie des qualités. 

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis : Leur absence. 

Mon occupation préférée : Me détruire. 

Mon rêve de bonheur : La fuite. 

Quel serait mon plus grand malheur ? Vivre longtemps. 

A par moi, qui voudrais-je être ? Quelqu'un d'intelligent, débrouillard, courageux et déterminé. 

Où aimerais-je vivre ? Ailleurs. 

La couleur que je préfère : Le Noir, surtout quand il vire sur le rouge. 

La fleur que j'aime : La crysanthème. 

L'oiseau que je préfère : Celui de mauvaise augure. 

Mes auteurs favoris : J'en connais si peu que je ne puis répondre sincèrement...

Mes poétes, mes compositeurs, mes peintres... : Ne vous fatiguez pas, je n'y connais rien. 

Mon héros favori dans la fiction : Dexter, tueur psychopathe doué d'une déontologie certaine. 

Mon héros favori dans la vie réelle : Tous ceux qui ont cru et qui croient encore en quelque chose, ou quelqu'un. 

Ce que je déteste par-dessus tout : Ma propre condition humaine. 

Le don de la nature que je voudrais avoir : L'amour.

Comment-aimerais je mourir ? Tout le monde le sait. 

L'état présent de mon esprit : Létargie intellectuelle. 

Ma devise : La vie ne vaut rien, mais vraiment, vraiment rien.

 

 

 

11 novembre 2014

[Bonjour Musique] #3 Renaud - Les Bobos

 

 

Bonjour Musique #3 du 11/11/14

 

Renaud - Les Bobos.

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10 novembre 2014

L'instinct de Mort

nature morte

Nous sommes le 10 novembre. Cela fait donc plus de cinq mois que j'ai quitté l'école des Mines. Et avec elle, non seulement toute ma vie étudiante d'avant, mais tout ce qui m'avait animé et fait "vivre" depuis l'aube de mes jours. A commencer par les amis. Car en me livrant à un tel acte, je ne fais pas que m'éloigner de mes camarades d'école. Je sors de la sphère sociale. Je sors du cadre, du seul cadre que j'avais et qui me définissait. De mon monde en quelque sorte. Je perds alors toute relation sociale véritable. En fait, il s'agit tout simplement d'un arrêt de "mort sociale" comme je l'ai moi-même dénommé. 

Depuis tous ces mois, ces amis pourtant, ont essayé de me tendre la main. Ils ont demandé de mes nouvelles. Certains voulaient m'aider par tous les moyens, d'autres, seulement que je daigne leur donner un signe de vie. Ils ont été nombreux. Bien plus nombreux que ce que je ne mérite, à l'évidence. Et pourtant, alors que j'aurais du répondre à leur appel, alors que j'aurais du attraper ces mains qui se tente, donner un signe à ces âmes charitables, je n'ai rien fait. Je me suis mué dans un silence de mort. De mort sociale, encore. 

Souffrant dans ce silence que je m'étais, ironie du sort, imposé pour moins souffrir, j'ai fini pourtant par briser la glace. Pourquoi ce jour-là ? Pour envers ceux-là ? Je l'ignore. Mais je doute vraiment que cela soit un hasard. Si je reviens, si je me manifeste ici et maintenant, non, ce ne peut pas être un hasard. Personne ne sera dupe, et j'en suis conscient. Je suis tout aussi conscient que ce serait mentir (j'en suis capable) que d'affirmer que je ne fais ça que pour eux. En faisant un signe, je ne veux pas rassurer ceux qui s'inquiètent. La vérité est égoïste. Je veux sauver quelque chose. Voire me sauver moi-même. Cela alors même que je crie depuis des mois que mon âme est perdue, damnée, à jamais. Aurais-je donc un espoir ? Non. Il ne s'agit pas d'espoir. Mais de vanité. 

J'ai honte. 

Voilà ce que j'ai dit à l'un de ceux que j'ai enfin contacté. Oui, j'ai honte. Et pourquoi ai-je honte ? J'ai honte de vivre. Honte de vivre comme ça. Honte d'avoir fuit. D'avoir quitté tout ce que j'avais. D'avoir renoncé à ce que l'on me promettait. D'avoir trahi, aussi, car c'est affaire de trahison. Honte surtout de laisser les gens s'inquiéter. Car ils s'inquiètent, je le sais et ce n'est pas vanité qui parle, je m'en garderais bien. Alors que je suis là, bien vivant, sous un toit, au chaud, bien nourri, en train de vous écrire cet article devant mon ordinateur. Il y a des personnes, à qui je suis vraisemblablement cher, aux quatre coins de France (voire du Monde en ce moment...), qui vivent avec dans un coin de leur tête (je l'appelle "bienveillance") cette pensée, en fond, régulière, lancinante, que je peux d'un moment à l'autre disparaitre de la surface de cette Terre. Cette idée est sordide, je ne devrais pouvoir la supporter. Pourtant, on dirait que je m'en accomode. Je m'en accomode. Mais j'ai honte. 

Dois-je les laisser continuer à songer à tout cela ? Je ne sais. On m'a demandé de promettre que tout allait bien se passer. "Everything is gonna be all right". Mais j'ai refusé. Je n'ai rien promis. Sinon que les choses n'allaient pas tourné au pire pour le moment. Mais pourquoi "pour le moment" ? ça ne veut rien dire ! Il n'y a rien de moins affreux à leur dire...et je le dis. N'aurais-je aucune pitié ? Ou alors, au fond, cette vanité, cet orgueil, ce poison d'orgueil...brûle encore de mille feux. Et c'est lui qui me pousse à faire en sorte que les inquiétudes persistent. Si on a peur pour moi, c'est que je suis important. Et si je suis important...Cela me griserait-il ? Quelle sordide manipulation ce serait !

Je ne peux me refuser à croire qu'il y a là une partie, aussi infime fut-elle, de la vérité. Bien que, ce moment dont je parle, en ait aussi une autre. Il n'est pas anodin. Non, absolument pas. Au fond de moi, il y a cette idée, cette idée noire. Il y a cette pulsion de mort qui s'agite, qui tente de prendre mon contrôle. Elle est là, je la sens ! Parfois elle se tapit, parfois elle tente, parfois elle renonce, parfois elle attaque...toujours elle gagne du terrain. Elle a encore ses instants de domination.

Dans ces instants-là...je sens que mon corps se meut d'une force étrangère. Alors que je vis physiquement et que je m'adonne à des tâches ce qu'il y a de plus banal. Je me sens partir. J'ai au côté du coeur une boule qui appuie sur mes poumons. Le sol semble se dérober sous mes pieds. J'entends mais n'écoute plus. Je vois mais ne regarde plus. Je veux dire, mais je ne parle plus. "Que t'arrive-t'il ?" Je répond en rêve "Je veux m'buter, voilà c'qui m'arrive !!!". En rêve je crie, en réalité aucun son. Je pleure, parfois. Parfois pas. Je voudrais être au bord du vide et faire un pas de plus. Je voudrais m'engager sur ce passage piéton devant la prochaine voiture qui passera. Je voudrais avoir un pistolet dans la main, sentir son canon froid sur ma tempe droite, alors que mon doigt étreint la gâchette. Je voudrais faire exploser cette boîte cranienne.

Ne pas avoir le temps d'emettre un souffle de plus.

Ne pas avoir le temps de souffrir.

Eteindre la lumière.

Partir. 

Que celui qui n'a jamais songé à ce que cela pouvait faire me jete la première pierre. Je ne la lui renverrai pas. 

10 novembre 2014

[Délires prosaïques] Le Con

Le Con 

 

Le con boit du café. Mais il ne l'aime pas. Il a une Nespresso qu'il n'utilise point. Tous les cafés se valent, il ne faut point choisir. Il préfère du lyophilisé, et Maxwell House s'il vous plaît. Oui, amateur de mauvais goût, le con en gastronomie aime ce qui n'en a pas. C'est pourquoi aussi le con ne cuisine pas, car le con aurait trop peur d'empoisonner ses hôtes. Mais le con, de fait, ne force pas les abus. Alcool et cigarette sont bannis de chez lui. Il a suffisament connu l'alcool d'ailleurs pour voir tout ce l'alcool ne lui apporterait jamais. Quant à la désinhibition, le con tout con qu'il est ne saura rien en faire. Et c'est tant mieux pour les autres. 


Le con s'habille comme un pied. Et ce jusqu'à la tête. Il vous dira que le gris est au bleu ce que le jaune est au vert. Ne soyez pas surpris de le voir porter un polo sous un pull, ou un t-shirt sous un polo. Style et mode sont des mots qu'il ignore. Il aime mettre des jeans passe-partout avec des hauts passe-partout. Il peut porter des citadines à la campagne et des godillots à la ville. Il met parfois des manches longues en été seulement pour "donner chaud" à ceux qui le remarquent. Et des gilets d'un autre temps que l'on ne saurait plus mettre. Il eut même un chapeau, mais même le chapeau ne supportât plus son chef.


Le con ne connait rien à l'art. Comme il aime les facilités d'esprits, il considère le contemporain comme une arnaque mercantile généralisée. Mais n'allez pas croire qu'un Picasso suscite chez lui moins d'indifférence qu'un Rembrandt. Il ne va jamais dans aucun musée, pas même d'histoire, si ce n'est pour dire simplement qu'il y est allé, et faire comme tout le monde. A quoi bon, il oubliera bien vite ce qu'il y a vu. C'est aussi pourquoi le con ne lit pas. Quand les yeux du cons lisent une page, la tête du con efface la précédente. Le con dans son ignorance avait tenté Dotoskievsky. Et bien Con Conovich en revint bien bredouille.


Le con est laid. Bien que la nature lui ait donné de quoi ne pas totalement sombrer dans l'horreur physique, il prend suffisamment peu soin de lui pour que les ravages du temps le touchent au plus vite. Le con se dit qu'une vieillesse forcée lui lèvera enfin cette figure de gamin. Le con est imberbe, mais il paraît qu'il ne doit pas s'en plaindre. Ah, et le con est petit, bien sûr. Juste assez pour avoir été averti pendant vingt ans à prendre gare à ne pas se noyer dans une flaque. Il est pourtant trop grand pour que cela lui permette de connaître le succès de Mimie Mathy, ce dont il s'est aisément consolé.


Le con est trilingue. Il parle français, français, et français. S'il a appris l'anglais, l'espagnol et l'arabe, ce n'est finalement que pour mieux le rapprocher de sa langue maternelle. Il joue même à croire que c'est un savant de la langue de Molière. Heureusement, le con ne sera jamais académicien, à moins que Bernard Pivot ne crée un jour un prix Concourt. Pourquoi aller retenir d'autres langues quand on a suffisamment de mots pour s'exprimer avec le peu de gens que l'on cotoie encore ? Ce serait superflu, et le con n'aime pas le superflu. Pourtant le con qui dit nier les langues l'a un peu mauvaise. Car il écrit parfois encore, et pas trop mal dit-on, celle de Shakespeare. Avec un unique interlocuteur.

Le con est au courant. Mais plus au réseau EDF 220V/50Hz qu'aux nouvelles du monde. On ne peut dire qu'il suit l'actualité, plutôt qu'il la regarde passer devant lui, souvent sans en retenir un traître mot. Il va de soi qu'il n'animera pas une conversation à propos de la dernière sortie cinéma ou de la série TV du moment. Bien qu'il aime les séries, encore faut il que l'on puisse y comprendre un épisode sans besoin du précédent, qu'il aura pris soin d'oublier. Eh oui, pour cela comme pour le reste, le con vit dans l'instant. No future ! Mais pas de passé non plus, sa connerie est déjà lourde à traîner...

Le con a de l'humour. Mais de l'humour de con. Le con peut rire ce qui ne fait pas rire tout le monde, mais ne rit jamais de ce dont tout le monde s'esclaffe. Le con ne connait pas de blague, il ne saurait pas les raconter. Le con préfère donc écouter les professionnels du rire. Plus ils sont cons, plus il en rit. Oh pour ça le con est ouvert : rire des noirs, des juifs, du Coran, des belges, des blancs, des français, des blondes, des blonds, tout lui va. Surtout les clichés. Le con aime bien les clichés. Les clichés sont commodes : qu'on dise qu'ils sont vrais ou qu'ils sont faux, ils tranquillisent l'esprit. L'esprit du con peut ainsi durer.

Le con l'est tellement qu'il se demande parfois si on peut vivre ainsi. Le con croit que la vie est pesante avec tant de connerie. Que la connerie supprime la méfiance et amène le danger. Qu'elle rend naïf, crédule et bien trop vulnérable. Qu'elle isole aussi. Car le con conscient de sa condition veille à éviter de l'infliger aux autres, pour préserver la profilération du con. Bien qu'il ait une certaine sécurité matérielle, empêchant d'ailleurs le con de se plaindre en société, sa situation est loin d'être enviable. C'est pourquoi le con eut bien songé à en finir,  et plus d'une fois d'ailleurs. Mais le con l'est trop pour savoir comment s'y prendre. Le con par sa faiblesse n'a point d'échappatoire. 


Il vivra donc avec, jusqu'à ce qu'il en meure.

10 novembre 2014

[Bonjour Musique] #2 Stevie Ray Vaughan - Pride and Joy

Bonjour Musique

 

Bonjour Musique #2 du 10/11/14

 

Stevie Ray Vaughan - Pride And Joy

9 novembre 2014

[BonjourMusique] #1 Puggy - Last Day On Earth

Bonjour Musique

 

#BonjourMusique
Tous les jours, une musique qu'il me plaît à écouter en ce moment. L'article qui vous fera dire "Bonjour Musique !". Toute ressemblance par ailleurs avec un modèle de pages web et/ou blogs tumblr utilisant l'allocution Bonjour, est purement fortuite, cela va de soit.

BonjourMusique #1 du 09/11/14

 

Puggy - Last Day On Earth (Something Small) 

 

 

8 novembre 2014

FairPhone : le SmartPhone équitable

 

Fairphone

 


Vous connaissez "FairPhone" ? Vous n'en avez jamais entendu parler ? Ce nom ne vous dit vraiment rien ? Malheureusement, c'est peut-être le cas. Et je dis malheureusement, car ce nom-là, mesdames et messieurs, mériterait clairement plus de gloire.
FairPhone. Fair, comme "équitable", phone, comme "téléphone". C'est ainsi que s'appelle l'entreprise néerlendaise qui commercialise, depuis 2013, le téléphone mobile du même nom. En effet, après le café, les produits laitiers et même les textiles, FairPhone n'est autre que le tout premier smartphone estampillé "équitable".


Pour ma part, je ne suis pas un grand utilisateur de smartphone. Pourtant, poussé par un étrange et inexplicable souhait de "suivre de loin" les tendances, d'avoir un appareil de bonne puissance et de grande capacité, j'ai fini par céder à la tentation. C'était un 25 août. Il faisait chaud, le ciel brillait et les oiseaux chantaient, tout du moins de ce côté-ci du monde.


Iphone, l'ancien smartphone du Con


Ce jour-là, j'ai croqué la pomme empoisonnée. Cupertino me faisait les yeux doux depuis bien trop longtemps. Et voilà que dans une boutique Orange, je signais le contrat qui me rendait fier acquéreur d'un Apple Iphone 4S. Oui, je sais, c'était juste avant que le 5 ne sorte et SI J'AVAIS ATTENDU JE L'AURAIS PAYE MOINS CHER : ne vous inquiétez pas, mes amis consuméristes n'ont pas manqué de me le signaler (évidemment, juste après que j'ai déboursé les 300€, sinon c'est pas drôle).

Le devoir m'Apple !


Cela fait maintenant plus de deux ans que je l'utilise. Deux ans à payer un forfait absolument hors de prix pour un téléphone qui ne l'est pas moins. Evidemment, Orange n'a pas manqué de me "forcer la main" pour souscrire à une assurance 9,90€/mois, qui ne m'a servi à rien (c'est le principe des assurances). A ce jour, j'ai ainsi dépensé la modique somme d'environ 1850€ pour ce bidule qui fait à peine la taille de ma main.


Je ne vais pas être trop méchant cependant, car globalement je n'en suis pas mécontent (non, mais attendez la suite, oh). Au risque de froisser les Apples Addicts, vous savez, je crois que l'Iphone est un peu le smartphone du con. De celui qui n'y connait rien et qui ne veut rien toucher ni au matériel, ni au logiciel, et qui est bien content qu'Apple s'occupe de tout (AppStore, ITunes, ICloud, IPayeCher...), à commencer par lui-même. Un téléphone sur lequel ne s'ouvre que le boîtier SIM résume bien je crois la doctrine Apple : une fois dedans, vous êtes pieds et poings liés. D'autant plus que, par manque d'utilisation, on avait décidé chez bibi de plus avoir de Box Internet offre triple-play TV+Téléphone+Internet je-paye-tout-même-si-je-ne-veux-qu-internet. Ainsi, l'Iphone me servait non seulement de téléphone ordinaire (par là j'entends, appareil photo, console de jeux, facebook, enfin tout ce qu'on attend d'un téléphone ordinaire...) mais aussi de modem portable 3G (étonnament efficace), c'est aussi pour ça que j'avais accepté l'un des forfaits les plus chers (mais 49,90€ c'est quand même high level)


Cependant, je ne fais là que des considérations numéraires. Car l'Iphone partage avec les autres smartphones du marché (ceux de Samsung, de Sony, de Nokia, de Motorola...je continue ?) une facette bien peu glorieuse...celle de sa fabrication. Sous-traitants aux méthodes peu catholiques, conditions de travail déplorables, embauche illégale d'enfants, financement conscient et volontaire de conflits armés...Vous savez tout ça ? Très bien, et comment vous le vivez ? Moi, mal.


Smartphones, bijoux de Sang


Dans ces petits bijoux de technologie tellement doués de fonctionnalités qu'on oublie leur utilisation initiale (ah oui, appeler, c'est vrai !), les fabricants ont réussi le tour de force de concentrer violence, mensonges, immoralité, cruauté, dans une toute petite boîte n'excédant pas 70 cm3 (même pour un Galaxy S5 un peu grand). Quoi ? Qu'est ce qu'il y a ?
Tout le monde le sait ? Ah oui ? Ben écoutez, moi je crois que ça ne fait jamais de mal de rappeler deux-trois petites vérités.
Première chose, les petites mains assembleuses. Je doute que n'ayez jamais pu voir la couleur de la liste des fournisseurs de votre marque favorite, si tant est que vous l'ayez demandée un jour. Et pour cause, celle-ci est impossible à avoir. Saviez-vous que Nokia surfe en ce moment sur la vague de la "transparence" ? Selon laquelle, on ne cache rien au consommateur, et on lui dit tout : comment ça c'est fabriqué, d'où vient ça, qu'est ce qui constitue ça...Essayez donc de leur demander leurs fournisseurs. Des journalistes ont essayé, et pas n'importe lesquels : ceux de Cash Investigation pour France 2. Voilà ce qu'on leur a répondu :

"Désolé, mais nous ne sommes pas si transparents que ça."


Ben voyons. Mais pourquoi cacher cela ?
Parce que les sous-traitants ne sont pas particulièrement nets, figurez-vous. Bon, si je vous dit qu'ils se trouvent tous en Asie, vous ne serez pas choqués, vous avez l'habitude (désolé Arnaud, mais le Made In France, c'est une lubie, c'est peut-être pour ça que tu n'es plus ministre d'ailleurs). Mais vous savez, même en Chine, il y a des lois (si, si). Et il y en a même une assez vertueuse qui interdit le travail aux moins de 16 ans. Vous savez ce qu'il en font de cette loi, les sous-traitants des géants de la téléphonie ? A peu près la même chose que vous avec votre papier hygiénique Lotus triple épaisseur (je vous dispense d'un dessin). Cash Investigation, dont le dernier numéro était diffusé sur France 2 le 3/11/14, a tenté d'interroger le responsable d'une usine. Celui-ci a assuré qu'il ne faisait pas travailler d'enfant et que son usine était irreprochable à ce sujet. Pourtant, il a refusé que les journalistes viennent vérifier eux-mêmes. Qu'à cela ne tienne, ils ont pu filmer discrètement une sortie d'usine : à peu près 50% des ouvriers étaient des enfants entre 12 et 16 ans. Disons que derrière les murs, on traite les enfants comme des adultes, et comme les adultes, on les soumet à des cadences infernales (qui le sont même pour les adultes). Un témoignagne avance un chiffre : "6000 écrans contrôlés chaque jour". Sachant qu'une journée fait 10h (ils n'ont pas eu M.Aubry et les 35h en Chine), qu'une heure fait 3600 secondes, prenez vos calculatrices : un écran contrôlé toute les 6 secondes ! Sans pause. Humainement je croyais ça impossible.

Coucou, c'est nous, les ramasseurs de tantale !! Source : France 2 - Cash Investigation


Deuxième chose, l'origine des métaux rares. Ce sont des élèments que l'on trouve globalement à deux endroits : dans le tableau périodique de Mendeleïev, et dans vos téléphones. L'un d'eux s'appelle le Tantale (symbole Ta : comme "Ta gueule et creuse", je suis sûr que ce n'est un hasard). Il constitue les condensateurs, integrés sur la carte mère du téléphone. Ces condensateurs sont des composants essentiels : sans eux, dès que votre batterie tombe à plat et que votre téléphone n'est plus alimenté en électricité, vous perdriez toutes vos données. Le tantale est donc très précieux pour nos petits bijoux. Mais où le trouve-t-on ? A profusion, en Afrique Centrale ! En République Démocratique du Congo (le pays qui le nom le plus drôle du monde) par exemple. Là-bas, des mines exploitent le Coltan, le minerai dont on extrait le Tantale. Elles emploient plusieurs milliers d'ouvriers, sans aucun contrat de travail en bonne et due forme. Ils travaillent sous terre, dans des conduites mal étançonnées, dans une fournaise à 45°C et meurent assez régulièrement sous les effondrements. Les survivants quant à eux sont rémunérés 70 centimes d'euros de l'heure (a peu près 7% du SMIC français, just FIY). Bien sûr, les enfants travaillent aussi, ils sont très appréciés d'ailleurs : moins conscients, il hésitent moins à se mettre à danger, plus frêles, ils se glissent mieux dans les tunnels.


Ah et enfin, j'allais oublier le fin du fin. La RDC est secouée depuis près de 20 ans par une guerre interne opposant forces régulières et rebelles. Les rebelles contrôlent les zones riches en minerais (c'est la "Ceinture du Coltan") et prélèvent un impôt de guerre sur les mines. Selon l'ONU, cette rente minière leur assure un revenu confortable de 20 millions de dollars par ans. Ce qui représente environ 0,2 Zlatan par an. Vous comprendrez assez bien pourquoi on appelle parfois ce fameux minerai le "coltan du sang" ou le "minerai de mort"...


Apple prétend ne plus avoir aucun lien avec le coltan du Congo. En revanche, il ne semble pas avoir fait beaucoup du fort du côté de ses sous-traitants asiatique. Si la durée de travail a sensiblement diminué (à 95% sous la barre très élevée des 60h hebdomadaires), on peut douter que la très secrète FoxConn se soit enfin mise à respecter la Convention des Droits de l'Homme. C'est même sans doute le contraire en cette rentrée 2014 pour laquelle Apple a mis la pression sur ses sous-traitants afin de constituer un très gros stock d'Iphone 6.


FairPhone, d'abord Fair, ensuite Phone


L'idée que l'on finance grâce à nos téléphones des groupes guerriers et des conflits sanglants à des milliers de kilomètres d'ici n'était pas du genre à plaire à Bas van Adel. Ce designer néerlandais s'est demandé si on ne pouvait pas faire autrement. Il avait aussi conscience que les géants de la téléphonie se faisait des marges gracieuses alors que les chaînes de production se contentaient de miettes. Ajoutez à cela l'aspect polluant et energi-vore de vos Galaxy XPeria Google 6. Bas van Adel, designer néerlandais, avait de quoi lancer son projet. Il savait et n'a jamais prétendu pourtant parvenir à faire un téléphone 100% équitable. Selon lui, c'est un produit bien trop compliqué pour rendre cela possible. Il s'est donc fixé quatre objectifs : meilleure redistribution des bénéfices le long de la chaîne de production, contrôle de la provenance des composant, recyclage d'anciens téléphones, économies d'énergies.

FairPhone, un pas vers l'équité.

Bas Van Abel souhaitait aussi concevoir un téléphone réparable et facile à réparer, ce qui n'est évidemment pas le cas des appareils du marché, à commencer par le très hermétique Iphone. Le projet se voulait se rapprocher au plus près de ces objectifs, bien que ceux-ci ne puissent être parfaitement réalisables. De toute évidence, FairPhone ne pouvait pas se passer de certains des principaux fournisseurs de matière première, à moins de finir par fabriquer un appareil à 1000€ que personne n'aurait voulu.


Pour faire naître le projet, Van Adel a misé sur le crowdfunding. Ses clients, en pré-commandant leur FairPhone apportaient le capital nécessaire au lancement de la fabrication. 5000 commandes plus tard, l'entreprise tournait à plein régime. Un détail très important : les FairPhones sont fabriqués en Chine, mais sur place, Van Abel a choisi de travailler avec des ONG qui ont pignon sur rue et veillent à la mise en place et au respect de conditions de travail décentes. "Changer le système là où il est le pire" voilà la volonté louable du designer.


En janvier 2014, FairPhone terminait d'écouler une première série de 25000 appareils, avant de démarrer en mai une nouvelle série de 35000, dotée d'un nouveau processeur. 

Début novembre, la seconde série en est à 27700 exemplaires vendus. Le succès ne se dément pas. Les téléphones sont disponibles à l'achat sur www.fairphone.com au prix de 310€. C'est certes un peu cher, mais on paye vraiment pour la bonne cause ! Attention, le téléphone est vendu seul sans aucun accessoire associé, pas même le chargeur. En effet, comme le FairPhone ne demande qu'un simple chargeur USB classique, le site rappelle que la plupart d'entre nous en dispose déjà d'un oublié au fond d'un tiroir et appelle à éviter le gaspillage (on y voit aussi le signe de l'honnêteté de l'entreprise, de quoi faire taire quelques mauvaises langues). Si tel n'est pas le cas, FairPhone vend tout de même des chargeurs à 10€ pièce. Ainsi que des coques, et des designs pour coques 3D imprimables. Petit clin d'oeil d'ailleurs, un des design estampille "If you can't open it, you don't owe it", autrement dit Si vous pouvez pas l'ouvrir, c'est qu'il ne vous appartient pas. Petit tacle bien fait envers qui vous savez.


FairPhone, un bon téléphone quand même ?


La technicité n'est pas l'ennemie de l'équité. Et Fairphone n'a vraiment pas grand chose à envier aux ténors du marché. Les tests menés par de nombreux journaux et sites spécialisés sont unanimes : le FairPhone est un très bon smartphone. Jugez un peu de ses caractéristiques :

  • Dimensions : 126 mm (L), 63.5 mm (l), 10 mm (h) 
  • Masse : 170 g (comme l'Iphone 6 Plus) 
  • Processeur : Mediatek MT6589, quatre-coeurs, 1,2GHz
  • Capacité de stockage : 16 Go
  • Compatible MicroSD jusqu'à 64Go
  • Bluetooth 4.0
  • Compatible 3G/2G
  • Ecran tactile 4.3 pouces, résolution 960x540
  • Capteurs photo : 8 Mpx à l'arrière, 1,3 Mpx à l'avant
  • Système d'exploitation : Android 4.2.2

Les principaux défauts du FairPhone sont son design assez économique, sa masse (un peu élevée), un certain manque de puissance, ou encore la justesse de l'appareil photo. Néanmoins, s'il n'est pas parfait, on reconnait au FairPhone de bonnes capacités. Je vous laisse lire quelques uns des tests suivants pour vous en convaincre :

 

  • http://www.lemonde.fr/pixels/article/2014/10/18/on-a-teste-le-fairphone-le-premier-telephone-equitable_4505506_4408996.html
  • http://www.01net.com/fiche-produit/resultats-tests-14579/fairphone-fairphone/
  • http://actu.meilleurmobile.com/test-du-fairphone-fp1_60228

Voilà, aujourd'hui, 8 novembre 2014, au terme de deux ans de loyauté à Apple, je me suis décidé : j'ai enfin acheté un FairPhone. Pour le téléphone + un chargeur USB + une coque, j'en ai eu pour exactement 350€. Il me sera livré sous 14 jours. Malheureusement, il n'existe pas encore de FairForfait qui me permettrait de boycotter totalement les industries mobiles françaises qui cautionnent le Mal. Entre Orange, SFR, Bouygues, Free, Virgin et LaPoste, je n'ai pas encore fait le choix du "moins mauvais"...
Au passage, je suis le 52710ème client de FairPhone. "Ah c'est beaucoup !" Vous trouvez ? Dites-vous que cela ne représente que 0,05% du marché européen des smartphones. Ce n'est qu'une raison de plus de vous y mettre. FairPhone a encore 8000 téléphones à vendre cette année, mais fort de leur succès et de leurs convictions, ils reviendront, à coup sûr, en 2015 pour une 3ème fournée.


N'abusez pas du téléphone, et surtout, méfiez-vous des apparences !

Xoxo, TreizMoriz

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