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Un jeune con qui passait par là
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Un jeune con qui passait par là
  • Jeune ex-étudiant en mal d'être, ouvrier agricole à ses heures perdues, victime des médias et conspirateur maçonnique, amateur de mauvais goût, laissez-moi vous souhaitez la bienvenue en cette humble demeure en ligne. Sur Twitter : @TrezMoriz
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10 novembre 2014

L'instinct de Mort

nature morte

Nous sommes le 10 novembre. Cela fait donc plus de cinq mois que j'ai quitté l'école des Mines. Et avec elle, non seulement toute ma vie étudiante d'avant, mais tout ce qui m'avait animé et fait "vivre" depuis l'aube de mes jours. A commencer par les amis. Car en me livrant à un tel acte, je ne fais pas que m'éloigner de mes camarades d'école. Je sors de la sphère sociale. Je sors du cadre, du seul cadre que j'avais et qui me définissait. De mon monde en quelque sorte. Je perds alors toute relation sociale véritable. En fait, il s'agit tout simplement d'un arrêt de "mort sociale" comme je l'ai moi-même dénommé. 

Depuis tous ces mois, ces amis pourtant, ont essayé de me tendre la main. Ils ont demandé de mes nouvelles. Certains voulaient m'aider par tous les moyens, d'autres, seulement que je daigne leur donner un signe de vie. Ils ont été nombreux. Bien plus nombreux que ce que je ne mérite, à l'évidence. Et pourtant, alors que j'aurais du répondre à leur appel, alors que j'aurais du attraper ces mains qui se tente, donner un signe à ces âmes charitables, je n'ai rien fait. Je me suis mué dans un silence de mort. De mort sociale, encore. 

Souffrant dans ce silence que je m'étais, ironie du sort, imposé pour moins souffrir, j'ai fini pourtant par briser la glace. Pourquoi ce jour-là ? Pour envers ceux-là ? Je l'ignore. Mais je doute vraiment que cela soit un hasard. Si je reviens, si je me manifeste ici et maintenant, non, ce ne peut pas être un hasard. Personne ne sera dupe, et j'en suis conscient. Je suis tout aussi conscient que ce serait mentir (j'en suis capable) que d'affirmer que je ne fais ça que pour eux. En faisant un signe, je ne veux pas rassurer ceux qui s'inquiètent. La vérité est égoïste. Je veux sauver quelque chose. Voire me sauver moi-même. Cela alors même que je crie depuis des mois que mon âme est perdue, damnée, à jamais. Aurais-je donc un espoir ? Non. Il ne s'agit pas d'espoir. Mais de vanité. 

J'ai honte. 

Voilà ce que j'ai dit à l'un de ceux que j'ai enfin contacté. Oui, j'ai honte. Et pourquoi ai-je honte ? J'ai honte de vivre. Honte de vivre comme ça. Honte d'avoir fuit. D'avoir quitté tout ce que j'avais. D'avoir renoncé à ce que l'on me promettait. D'avoir trahi, aussi, car c'est affaire de trahison. Honte surtout de laisser les gens s'inquiéter. Car ils s'inquiètent, je le sais et ce n'est pas vanité qui parle, je m'en garderais bien. Alors que je suis là, bien vivant, sous un toit, au chaud, bien nourri, en train de vous écrire cet article devant mon ordinateur. Il y a des personnes, à qui je suis vraisemblablement cher, aux quatre coins de France (voire du Monde en ce moment...), qui vivent avec dans un coin de leur tête (je l'appelle "bienveillance") cette pensée, en fond, régulière, lancinante, que je peux d'un moment à l'autre disparaitre de la surface de cette Terre. Cette idée est sordide, je ne devrais pouvoir la supporter. Pourtant, on dirait que je m'en accomode. Je m'en accomode. Mais j'ai honte. 

Dois-je les laisser continuer à songer à tout cela ? Je ne sais. On m'a demandé de promettre que tout allait bien se passer. "Everything is gonna be all right". Mais j'ai refusé. Je n'ai rien promis. Sinon que les choses n'allaient pas tourné au pire pour le moment. Mais pourquoi "pour le moment" ? ça ne veut rien dire ! Il n'y a rien de moins affreux à leur dire...et je le dis. N'aurais-je aucune pitié ? Ou alors, au fond, cette vanité, cet orgueil, ce poison d'orgueil...brûle encore de mille feux. Et c'est lui qui me pousse à faire en sorte que les inquiétudes persistent. Si on a peur pour moi, c'est que je suis important. Et si je suis important...Cela me griserait-il ? Quelle sordide manipulation ce serait !

Je ne peux me refuser à croire qu'il y a là une partie, aussi infime fut-elle, de la vérité. Bien que, ce moment dont je parle, en ait aussi une autre. Il n'est pas anodin. Non, absolument pas. Au fond de moi, il y a cette idée, cette idée noire. Il y a cette pulsion de mort qui s'agite, qui tente de prendre mon contrôle. Elle est là, je la sens ! Parfois elle se tapit, parfois elle tente, parfois elle renonce, parfois elle attaque...toujours elle gagne du terrain. Elle a encore ses instants de domination.

Dans ces instants-là...je sens que mon corps se meut d'une force étrangère. Alors que je vis physiquement et que je m'adonne à des tâches ce qu'il y a de plus banal. Je me sens partir. J'ai au côté du coeur une boule qui appuie sur mes poumons. Le sol semble se dérober sous mes pieds. J'entends mais n'écoute plus. Je vois mais ne regarde plus. Je veux dire, mais je ne parle plus. "Que t'arrive-t'il ?" Je répond en rêve "Je veux m'buter, voilà c'qui m'arrive !!!". En rêve je crie, en réalité aucun son. Je pleure, parfois. Parfois pas. Je voudrais être au bord du vide et faire un pas de plus. Je voudrais m'engager sur ce passage piéton devant la prochaine voiture qui passera. Je voudrais avoir un pistolet dans la main, sentir son canon froid sur ma tempe droite, alors que mon doigt étreint la gâchette. Je voudrais faire exploser cette boîte cranienne.

Ne pas avoir le temps d'emettre un souffle de plus.

Ne pas avoir le temps de souffrir.

Eteindre la lumière.

Partir. 

Que celui qui n'a jamais songé à ce que cela pouvait faire me jete la première pierre. Je ne la lui renverrai pas. 

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